Cas clinique
Lupus cutané subaigu induit par la capécitabine : un casCapecitabine-induced subacute cutaneous lupus: A case report

https://doi.org/10.1016/j.annder.2014.06.011Get rights and content

Résumé

Introduction

Plus d’une centaine de médicaments sont recensés comme inducteurs de lupus érythémateux cutané subaigu (LCS). Récemment, certaines chimiothérapies ont également été incriminées. L’apparition d’un LCS dans un contexte néoplasique fait discuter d’une part la possibilité d’un syndrome paranéoplasique, d’autre part la responsabilité de la chimiothérapie et le rapport bénéfice/risque de l’arrêt d’un traitement potentiellement efficace. Nous rapportons un cas d’éruption cutanée à type de LCS induite par la capécitabine (Xeloda®).

Observation

Une femme de 50 ans avait depuis de nombreuses années un lupus érythémateux systémique (LES) peu évolutif, non traité et sans manifestation cutanée. Elle consultait pour une éruption annulaire érythémato-squameuse et prurigineuse prédominant aux zones photo-exposées, survenue quatre mois après le début d’un traitement par capécitabine pour un cancer colique évolutif. L’aspect des lésions cutanées et la positivité des anticorps anti-SSA faisaient discuter le diagnostic de LCS. Les lésions, résistant à un traitement associant hydroxychloroquine et corticothérapie générale mais disparaissant à l’arrêt de la capécitabine, et la présence de nécroses kératinocytaires à l’histologie suggéraient un LCS induit.

Discussion

Certaines chimiothérapies comme la capécitabine peuvent révéler ou induire des lésions de LCS, dans le cadre d’un lupus préexistant ou non. Les cas rapportés auprès de la pharmacovigilance française sont rares, mais cet effet secondaire doit être connu en raison de l’augmentation constante de l’utilisation de ces anticancéreux.

Summary

Background

More than 100 drugs have been registered as inducing subacute cutaneous lupus erythematosus (SCLE). Recently, some types of chemotherapy have also been incriminated. If SCLE develops in a setting of neoplasia, two possibilities should be considered: it is either a paraneoplastic syndrome or it is caused by the chemotherapy, thus calling for important decisions on the benefit/risk of stopping potentially effective medication. We report a case of SCLE induced by Xeloda® (capecitabine).

Patients and methods

A 50-year-old female patient consulted with an annular erythematosquamous and pruriginous eruption, predominantly on areas of the body exposed to sunlight, occurring 4 months after the initiation of capecitabine for advanced colon cancer. She had presented systemic lupus erythematosus (SLE) for many years, which was not treated, was not progressive and had no cutaneous manifestations. The appearance of the cutaneous lesions, positivity for anti-SSA antibodies and the histological aspect led to diagnosis of SCLE. The lesions were resistant to treatment with hydroxychloroquine and systemic corticosteroids, but disappeared after discontinuation of capecitabine, suggesting chemotherapy-induced SCLE.

Discussion

Some types of chemotherapy such as capecitabine may reveal or induce SCLE lesions, whether or not there is a previous history of SLE. Cases of chemotherapy-induced cutaneous lupus reported to the French pharmacovigilance agency are rare, but this side effect must be recognised due to the constantly rising use of this type of anticancer agent.

Introduction

Les diurétiques thiazidiques ont été les premiers médicaments identifiés comme inducteurs de lupus érythémateux cutané subaigu (LCS) [1]. Depuis, on estime que plus de 40 % des LCS seraient causés ou favorisés par des médicaments, le plus souvent des antifongiques et des antihypertenseurs [2], [3]. Plus récemment, certaines chimiothérapies ont aussi été incriminées dans la survenue de tableaux de LCS chez des patients ayant ou non des antécédents de lupus systémique, de LCS ou de syndrome de Sjögren [4], [5], [6]. Nous rapportons un cas de LCS induit par la prise de capécitabine (Xeloda®) chez une patiente aux antécédents de lupus systémique.

Section snippets

Observation

Une femme de 50 ans développait en mars 2013 une éruption des régions photo-exposées et du dos. Ses principaux antécédents étaient un lupus érythémateux systémique (LES) diagnostiqué 20 ans plus tôt et un cancer du côlon diagnostiqué en 2009. Les manifestations cliniques et biologiques initiales du LES comprenaient des arthralgies, une photosensibilité avec vespertilio, un syndrome de Raynaud, une neutropénie périphérique (myélogramme normal) fluctuante (neutrophiles : 0,7 G/L) et des anticorps

Discussion

Les éruptions cutanées sont fréquentes chez les patients sous chimiothérapie anticancéreuse. Elles font discuter de principe un syndrome paranéoplasique, cependant assez rare, ou un tableau cutané spécifiquement lié aux traitements antinéoplasiques. Elles comprennent ainsi des cas de lupus érythémateux cutanés subaigus induits. Récemment, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et l’European Medicines Agency (EMA) ont rappelé aux prescripteurs la possibilité de survenue de réactions

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Références (26)

  • M. Chen et al.

    Docetaxel (taxotere) induced subacute cutaneous lupus erythematosus: report of 4 cases

    J Rheumatol

    (2004)
  • A. Adachi et al.

    Paclitaxel-induced cutaneous lupus erythematosus in patients with serum anti-SSA/Ro antibody

    J Dermatol

    (2007)
  • I. Fumal et al.

    Subacute cutaneous lupus erythematosus associated with tamoxifen therapy: two cases

    Dermatology

    (2005)
  • Cited by (6)

    • Cutaneous drug-induced lupus erythematosus: Clinical and immunological characteristics and update on new associated drugs

      2021, Annales de Dermatologie et de Venereologie
      Citation Excerpt :

      Recently, plausible new causal associations have been found between CLE and fexofenadine hydrochloride (OR 5.05, 95CI 3.51–7.26) and metronidazole hydrochloride (OR 1.93, 95CI 1.25–2.97), but protopathic bias could not be ruled out [40]. Our literature review identified a total of 109 drugs and 472 patients reported with CDILE between January 1, 2010 and June 30, 2020 (Table 1) [6,8,10,14,15,37,41–140]. Anti-TNFα are biologic agents widely used in a variety of inflammatory diseases, and include infliximab, etanercept, adalimumab, certolizumab and golimumab.

    • Capcetabine-Induced Discoid Cutaneous Lupus

      2021, Actas Dermo-Sifiliograficas
    • Cutaneous reactions to traditional chemotherapy and radiation therapy

      2017, Skin Tumors and Reactions to Cancer Therapy in Children
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